mardi 3 février 2009

O Captain ! My Captain!

"Ô Capitaine ! Mon Capitaine !
Ô Capitaine ! mon Capitaine ! fini notre effrayant voyage,
Le bateau a tous écueils franchis,
le prix que nous quêtions est gagné,
Proche est le port, j'entends les cloches, tout le monde qui exulte,
En suivant des yeux la ferme carène, l'audacieux et farouche navire ;
Mais ô coeur ! coeur ! coeur !
Oh ! les gouttes rouges qui lentement tombent
Sur le pont où gît mon Capitaine,
Etendu mort et glacé.
Ô Capitaine ! mon Capitaine !
lève-toi et entends les cloches !Lève-toi - c'est pour toi le drapeau hissé -
pour toi le clairon vibrant,
Pour toi bouquets et couronnes enrubannés -
pour toi les rives noires de monde,
Toi qu'appelle leur masse mouvante aux faces ardentes tournées vers toi ;
Tiens, Capitaine ! père chéri !
Je passe mon bras sous ta tête !
C'est quelque rêve que sur le pont,
Tu es étendu mort et glacé.
Mon Capitaine ne répond pas, pâles et immobiles sont ses lèvres,
Mon père ne sent pas mon bras, il n'a ni pulsation ni vouloir,
Le bateau sain et sauf est à l'ancre, sa traversée conclue et finie,
De l'effrayant voyage le bateau rentre vainqueur, but gagné ;
Ô rives, Exultez, et sonnez, ô cloches !
Mais moi d'un pas accablé,
Je foule le pont où gît mon Capitaine,
Étendu mort et glacé."

C'est la mort tragique du président Abraham Lincoln qui a inspiré à Walt Whitman ce beau poème "O Captain ! My Captain!"
Abraham Lincoln naquit dans une cabane, au Kentucky, en 1809, dans un ménage de pauvres bûcherons illettrés.
Grand et vigoureux, il manie très tôt la hache. Malgré les difficultés et les malheurs familiaux, il apprend à lire et développe un goût irrépressible pour l'étude et le droit. A 20 ans, le jeune homme sur un bateau à aubes descend le Mississipi jusqu'à la Nouvelle-Orléans, il va découvrir la triste réalité de l'esclavage.

Pendant la fameuse guerre de Sécesion, une première série de défaites dissuade Lincoln de se prononcer officiellement sur l'avenir de l'esclavage. Mais il y pensait tout le temps.
Avec la victoire nordiste d'Antietam, Lincoln se rend sur place et presse le général McClelland de poursuivre les Sudistes du général Lee. Cinq jours plus tard, le 22 septembre 1862, il proclame avec solennité que l'Union rejette l'esclavage.
Et le Grand Lincoln n'avait pas barguigné à promettre à chacun des Noirs qui s'engageraient dans les troupes nordistes, non seulement l'abolition de son état d'esclave, mais 40 acres de terre et une mule, afin qu'ils pussent s'établir comme paysans indépendants et vivre dignement.
Après que Lincoln a été assassiné, ses successeurs offrirent bien aux Noirs esclaves de la liberté, mais de terre, d'acre de terre âcre, point.
Ainsi que de mule: ils n'eurent pas non plus l'ombre d'une oreille de mule.

Dès son discours d'acceptation de l'investiture, Monsieur Barak Obama s'inscrivit manifestement dans la lignée d'Abraham Lincoln, il fit référence à de nombreuses reprises à son illustre prédécesseur, dans l'héritage de celui qui s'était appuyé sur la volonté d'émancipation des Noirs pour assurer la victoire du Nord sur le Sud lors de la guerre de sécession.
Aujourd'hui, Monsieur Obama qui a de la suite dans les idées, n'en doutons pas, fêtera les 200 ans de Lincoln, son modèle.
"Le président Obama se rendra à Springfield, Illinois, le jeudi 12 février pour assister à la commémoration du 200e anniversaire de la naissance de Lincoln", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, lors de son point de presse quotidien. "Il y assistera et prendra la parole lors du banquet" marquant cette commémoration, a-t-il ajouté. M. Obama, qui ne cache pas son admiration pour Lincoln, le président qui a aboli l'esclavage, a lancé sa propre campagne présidentielle début 2007 sur les marches du Capitole de Springfield. "
Le Figaro - 02/02/09

Petit florilège de citations de Lincoln.
« Ce que je puis désirer le plus est la séparation des races blanches et noires »
(Discours tenu à Springfield, Illinois, le 17 Juillet 1858).
« … Je dirai donc que je ne suis pas et je n’ai jamais été en faveur de l’égalité politique et sociale de la race noire et de la race blanche, que je ne veux pas et que je n’ai jamais voulu que les Noirs deviennent jurés ou électeurs ou qu’ils soient autorisés à détenir des charges politiques ou qu’il leur soit permis de se marier avec des Blancs. Je voudrais ajouter qu’il y a une différence physique entre Blancs et noirs telle, qu’elle interdit aux deux races d’être un jour sur le même pied d’égalité, socialement et politiquement. Dans la mesure où les deux races ne peuvent vivre ainsi, il doit y avoir, tant qu’elles resteront ensemble, une position inférieure et une position supérieure. Je désire, tout autant qu’un autre, que la race blanche occupe la position supérieure.»
(4ème débat Lincoln/Douglas, 18 Septembre 1858).
« Vous et nous, Noirs et Blancs, sommes des races différentes. Il y a entre nous une différence plus importante que celle qui existe entre toutes les autres races. Que ce soit vrai ou faux, nul besoin d’en discuter. Mais cette différence physique est un grand handicap, aussi bien pour vous que pour nous. Je pense que votre race souffre énormément en vivant parmi nous, tandis que la nôtre souffre de votre présence. En un mot, nous souffrons tous. Cela constitue une raison suffisante pour que nous nous séparions. Il est préférable, pour nous tous, que nous soyons séparés.»
(Discours tenu à la Maison Blanche à un groupe de dirigeants de la communauté noire, le 14 Août 1862).

Nul doute que Monsieur Obama connaisse bien ces propos du Grand Homme qui désirait que les Noirs d'Amérique retournent en Afrique, sur leurs terres d'origine d'où ils avaient été emmenés de force.
Félix le Chat

1 commentaire:

Antoine a dit…

Juste une petite précision: Lincoln descendit le Mississipi sur un radeau et pendant ce voyage découvrit la modernité prenant la forme d'un bateau à aubes remontant le fleuve.