dimanche 21 décembre 2008

Koons se tape un Bourbon.

Dans un communiqué de presse du 2 décembre 2008 dont je prend connaissance sur un Forum Chrétien :
" S.A.R. le prince Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme fait valoir ses droits à faire cesser l’atteinte à l’œuvre, à la mémoire de Louis XIV et de Marie-Antoinette dans les grands appartements royaux de Versailles."
SAR ce n'est pas Sâr, comme le Sâr Péladan.  C'est Son Altesse Royale, qui affirme être « descendant en droite ligne de Louis XIV», le Louis d'Or.
Dans une lettre ouverte à Sir Nicolas Mallah Boscaï Sarközy, chevalier de l'Ordre du Bain (de Siège), adressée à la presse mercredi, "à titre strictement familial mais conscient de porter le sentiment général des Français et des étrangers amoureux du château de Versailles", SAR demandait à SIR de « faire cesser le trouble manifeste » et de « faire procéder au retrait des objets de scandale » que représentent, selon lui, les ordures en plastique multicolores que Jeff Koons à déféqué dans Versailles.
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L'exposition des oeuvres du trader américain dans les appartements royaux et la galerie des Glaces «ne vise rien de moins qu'à se moquer, à ridiculiser et à dénaturer l'oeuvre d'art et de mémoire de chaque pièce».
Jeff Koons est actuellement l'artiste-trader vivant vendu, le plus cher aux enchères chez Christie's
Il est classé 54ème artiste en produit de vente aux enchères pour l'année 2008.
Après avoir été longtemps trader à Wall Street, Jeff Koons se lance dans l'art « en tant que vecteur privilégié de merchandising »(sic).
Ses œuvres sont réalisées dans un atelier par des employés.
Trader suffisamment enrichi, il s'improvisa tout à coup Artiste Génial et en cette carrière fit une autre fortune.
Il ne condescend pas à perpétrer lui-même les inepties kitch et toc que son esprit génial a conçu.
Il laisse ce soin à de vulgaires exécutants.
Incarnation on le voit de l'Idée de l'Artiste pur: au dessus des triviales contingences matérielles.
Son Inflatable Rabbit, lapin gonflable réalisé en inox en 1986, et ses Balloon Dogs sont aujourd'hui reconnus comme Oeuvres Immortelles par les plus grands collectionneurs, dont François Pinault.
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Pinault à son tour, réalise le type achevé de l'Amateur d'Art éclairé.
Marchand de bois d'origine paysanne, il deviendra peu à peu un financier avisé et roublard qui fera fortune grâce à la spéculation sur le marché du sucre en 1974.
Plus proche on le voit du Baron Nucingen, que de Lucien de Rubempré.
Pinault. Ce nom s'inscrit dans la liste de Messieurs Prudhomme, Homais, et Tribulat Bonhomet.
Ce dernier qui s'était fixé pour tâche d'éliminer les artistes à des fins de « purgation sociale », fervent zélateur du positivisme, cynique doublé d’un philistin, le bon docteur Bonhomet était le digne contemporain des bourgeois philistins qui condamnèrent Les Fleurs du Mal au pilon.

Et leur auteur, Baudelaire, à de si lourdes amendes qu'il mourût de faim et de désespoir en Belgique où il s'était réfugié pour échapper à la condamnation à trois mois de prison en sus.
Trois mois de prison ferme, plus de lourdes amendes pour avoir écrit Les Fleurs du Mal. Indulgence coupable. Mais le monde bourgeois était encore dans les langes. Aujourd'hui il aurait pris bien davantage pour sexisme et incitation à la haine raciale.  Lire Mon coeur mis à nu pour s'en convaincre.
Son oeuvre est considérée aujourd'hui par les descendants des imbéciles réactionnaires comme l’une des œuvres les plus importantes de la poésie moderne, et qui exerça une influence considérable sur Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Isidore Ducasse, etc,.
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Rimbaud mort à peu près inconnu, Rutebeuf crevant la dalle, Villon qui volait pour manger, Villiers de l'Isle Adam mort de misère dans une chambre sans feu, Bloy condamné à la mendicité, Gérard de Nerval, écrasé de solitude et d'incompréhension jusqu'à s'aller pendre rue de la Lanterne...
Ad Libitum
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Le grand ennemi de l'artiste c'était le Bourgeois. Je suis anti-cochon disait Bloy.
Les bourgeois sont ceux qui pensent bassement.(Flaubert)
Haine inexpiable, haine d'Espèce.
Spirituellement, l'anti-aristocrate absolu c'est le Bourgeois.
Toute "l’ordure des idées utilitaires contemporaines" (Huysmanns), toute l’ignominie mercantile du XIX siècle, quand la Bourgeoisie finissait de s'asseoir sur le monde ancien et le couronnait de sa prosaïque royauté, s'exprima dans cette haine farouche du Bourgeois à l'encontre de l'Artiste.

Au XIX ème siècle, de véritables artistes comme les ci-devant nobles, respiraient encore. Ceux que l'on ne condamnait pas à mourir de faim, les moindres, on en fit des serviteurs à gages. Propriétaire des journaux, des maisons d'édition, des théatres, des galeries d'art, le Bourgeois exploitait le talent.
De cette manière il en reçu les louanges sans en épouser les travaux.
"Rien n'est plus tentant pour les esprits inférieurs que de s'élever sur l'intelligence d'autrui." écrivit Balzac.

Mais à la longue, il ne suffît plus au Bourgeois d'exploiter les artistes. Il voulut être Artiste lui-même.
Et particulièrement parmi les bourgeois ceux qui n'ont la moindre trace de faculté créatrice, désiraient plus que tout, imiter la création. Le Diable est le Singe de Dieu dit-on.
Pour cela il fallait détruire l'art véritable, briser cette survivance obscène, à cette fin on inventa l'idéologie de l'Art contemporain.  Ce fut du lard content pour rien. Mais ne comptant pas pour rien.
Il ne faudrait pas y voir la dictature culturelle du Riche sur le Pauvre.
Tant que le prolétaire était le Pauvre, le bourgeois demeurait le Gros.
En ce faisant Artiste, le Bourgeois voulut à son tour humilier des Gros.
On fit du prolétaire à son tour, le Gros. Le Gros Con. Quant au bourgeois il maigrit, bronza, devint un Koons.
Le nouvel Artiste, parvenu, se devait de heurter l'esprit des nouveaux Gros.
On le heurta.  Avec ses préjugés ridicules le Pauvre, qui ne se fut pourtant jamais choqué des "Fleurs du Mal", on sait comment on tente de le heuter : par l'obscénité, la vulgarité et la hideur, exhibées.

Il ne manquait plus qu'un public laudateur au Bourgeois-Artiste.
A cette fin on alphabétisa la Jeune-Fille.
La petite-bourgeoisie et sa demi-culture incohérente, imite la grosse, et pétrie de moraline, toujours prête à appeler la Police, se croit, comiquement, sans préjugés.
De là vient que tout ça, toute cette merde, marche, que l'imposture prenne. L'arnaque c'est qu'ils semblent s'en prendre à la morale, à la bigoterie, aux préjugés, bref ce qui faisait le fond du philistinisme bourgeois.

Revenons en au Koons. D'un côté on a Versailles, symbole de la morgue des ci-devant classes dirigeantes et leur fatras d'étiquette et de rigorisme moral.  Du hideux catholicisme. A désacraliser d'urgence.
De l'autre un Trader recyclé, un Juif américain,génial, forcément génial. Ainsi, grâce aux lèches-culs Versaillais du gouvernement, il est assuré de trouver de son côté tous les bien-pensants car il "désacralise" :  il fait oeuvre de subversion.
Cette Oeuvre immortelle, ici, exprime exactement le somptueux éclat du Gouvernement du Fouquet's, démonétisant par son or rutilant les ors anciens.  
Félix le Chat.

3 commentaires:

orfeenix a dit…

tiens,divergeons un peu,je vous concède que la pudibonderie de ces usurpateurs prétendus monarchistes est pathétique vu le peu de danger qu'incarnent ces parodies de sextoys géants plébiscités, mais vu votre tournure d' esprit(bien tourné d'ailleurs), ne serait ce pas la preuve de la médiocrité de ces susdites oeuvres? le homard m' a tuée(facile)cela ne m' a pas même mise en appétit.amicalement.

orfeenix a dit…

houla, lecture trop rapide, je n' avais pas perçu toute l'ironie,je crois que je suis encore pleinement d'accord, en tout cas merci pour l' éclat de rire,c'est toujours bon à prendre.

Antoine a dit…

Charles Emmanuel se trompe, Koons ne se moque pas de Versailles, il en a besoin, au contraire.
Sans Versailles autour, son hideux homard reste une bouée de plage géante.
Le contraste entre ses merdes en plastique et Versailles, étalage magnifique du savoir faire d'artisans de grand talent - eux - lui est nécessaire pour hisser ses créations au rang d'oeuvres d'art.
C'est le drame de la grande majorité des zoeuvresdart modernes, elles ne sont rien en elles mêmes sinon une gigantesque esbroufe.